« J’essaie de faire rire les enfants, c’est tout. »
Qui est Philippe Corentin ?
-
Il est né en 1936 à Paris et a passé son enfance à Quimper. Il a fait des études très secondaires… Il a vécu du dessin de presse et de la publicité ainsi que des affiches politiques et de l’illustration de contes et romans et c’est là qu’il trouve sa vocation. Il fait ses premiers pas d’auteur-illustrateur chez Hachette.
Il collabore avec Alain le Saux, son jumeau.
L’homme est pudique et se livre rarement. C’est un scrogneugneu.
« Ma lampe de chevet et moi nous lisons beaucoup. C’est une de mes meilleures copines. Je l’emporte dans ma valise en voyage. »
Il aime la campagne, les animaux, les gâteaux, la mer.
En quoi a-t-il révolutionné l’album pour enfants : son impertinence, ses trouvailles narratives, sa virtuosité du dessin, ses audacieux jeux de point de vue, ses cadres qui bougent, et les différents niveaux de fictions dans la même image.
Ses valeurs : la défense de la nature, mener une vie simple. Dénoncer un monde égoïste et matérialiste ; partager les richesses. Avoir des désirs modérés (pas de dévoration dans ses histoires). Conclure un pacte avec ses semblables (malgré les nécessités et les travers de chacun).
La Technique
-
Il travaille à la main, sans ordinateur.
Son matériel : Papier brouillon 90 grammes, crayons 2B bien pointus (mines en plombagine), gomme électrique, boîte de gouache, pinceau n°8, eau et buvard.
Artiste-tatillon, il le dit lui-même : c’est un autodidacte, il n’a pas beaucoup de technique. Alors il « tâtonne », fait et refait des tas de croquis jusqu’à ce qu’il soit satisfait du résultat.
Le format du livre est décidé par le style de dessin que l’auteur aura envie d’adopter (plus ou moins en hauteur).
Couleurs pastels : Il utilise l’encre et l’aquarelle et procède par dégradés (il n’aime pas la gouache et les aplats).
Ombres : « l’ombre est une nécessité narrative » : notamment dans les actions ;
« J’aime le mouvement. » Il dessine « crayon à l’épaule » comme on filme avec une caméra. Gros plans, vue de dessous, dessus, cadrages mouvants. C'est un passionné de BD et de cinéma.
L'Univers
-
Inventivité : sortir du cadre habituel des histoires pour enfants.
Un univers loufoque et absurde : Les histoires commencent comme une blague ou une histoire drôle : « voilà, c’est l’histoire de deux loups » Pas de formules initiales classiques : faire basculer son lecteur dans la fiction.
Pour la forme : le traitement par la caricature et pour le fond : le détournement ludique des contes. Le tout accompagné d’une syntaxe fantaisiste et d’une écriture qui s’approche du langage parlé.
Genre de conte qu’il affectionne : le fort dupé par le rusé. Structure des histoires selon le schéma de Propp : début problématique, milieu chaotique, fin apaisée.
Image unique et texte à double sens ; décalage texte/image
Jeux de mots et de langage : effets d’oralité, onomatopées, sons amusants, noms des personnages travaillés : référencés ; duplicité du langage, propre à l’humour ; s’amuser avec les expressions populaires.
Se ranger du point de vue de l’enfant. L’Enfant est lecteur-complice de l’auteur-blagueur ; Parfois l’auteur-narrateur a des doutes, s’interroge et s’immisce dans la narration.
Maintenir le lecteur en éveil ; Tester le lecteur et en faire un re-lecteur car il doit se sortir du piège et du pouvoir de la représentation, une fois l’effet de surprise passé.
Principes éducatifs et pédagogiques parfois un peu malmenés.Les frontières du récit s’ouvrent ; c’est parfois un joyeux désordre ! Il y a plusieurs niveaux de narration, plusieurs voix.
Lien entre le dedans et le dehors, le texte et hors texte, la réalité et la fiction.Ses références :
Dûrer, Doré, McKay, Calvo, Dubout Albert, Tex Avery et Gahan Wilson ; les comics et les cartoons
Le petit théâtre de Corentin
-
Des costumes : Les habits moyenâgeux : c’est la référence au conte, le fait que l’on soit dans un autre temps.
Des personnages animaux aux préoccupations et mœurs bien humaines (et non morales). Pluralité des identités. Pas de déterminisme. Ils ont des silhouettes floues avec des habits colorés. Son bestiaire a renouvelé le genre. Il emprunte les archétypes du conte mais brouille les identités.
Des décors rurbains et des paysages : champs, déserts, mers… absence d’humains : un état d’âge d’or ? Sobriété des intérieurs et des extérieurs, ordre : rassurant pour les enfants.
Des quiproquos ; des retournements de situation ; inversion des valeurs
Des scènes gourmandes : un racontage de bouche ! Se délecter de la saveur des mots. Parler c’est manger. Raconter, c’est se nourrir et nourrir les autres. Chez Corentin, c’est l’abondance ! Le livre se fait corps-langage. La poétique de Corentin, c’est l’oralité de l’album.
Chez Corentin :
Totoche et Trottinette (Gavroche et Cosette) ; un chat qui veut être chien ; le loup blanc est invisible ; manger le Père Noël ; des lapins (qui veulent manger des loups tout cru) : les crocodiles ne mangent pas de petites filles (c’est trop sucré) ; les carottes vivent de la pêche et de la chasse ; L’Afrique de Zigomar ? Tellement froid qu’on se croirait au pôle Nord !
Catalogue
-
Voici une petite liste de ses albums disponibles dans nos médiathèques :
Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici. Test